• Bastien
  • 24/04/2021
  • Focus espèce

Je considère le pic épeiche comme un véritable ami du photographe animalier et ce pour deux raisons. La première est que le pic épeiche est une espèce vraiment jolie, atypique et très photogénique. La seconde raison est qu’il s’agit d’un oiseau très commun, que l’on peut même rencontrer dans les parcs urbains. Le photographier dans de bonnes conditions est donc à la portée de tous les photographes. Découvrez dans cet article nos trucs et astuces pour vous accompagner dans cette quête du pic épeiche.

Pic épeiche
Personnellement j’utilise deux techniques pour photographier le pic épeiche.
  • En automne-hiver je me sers de la drink pour réaliser des affûts fixes. Si vous souhaitez en savoir plus, nous avons rédigé un article sur ce sujet.
Pic épeiche à la drink

Pic épeiche à la drink

  • À la fin du printemps, la période de nourrissage des jeunes bat son plein, c’est le moment de faire des affûts mobiles. Découvrez notre façon de procéder dans la suite de l’article.
Pic épeiche

Nourissage de jeunes pics épeiche

Comment trouver des loges de pic épeiche ?

Pour photographier le pic épeiche, la première étape consiste à trouver leurs loges. L’exercice est relativement abordable : il faut toutefois se donner du temps et prospecter des milieux propices.

Comme tous les pics, ils construisent ou utilisent des loges construites au sein des arbres pour s’y abriter et pour y nicher. Les loges des pics épeiches ont la particularité d’être quasiment rondes et ont un diamètre d’environ 5 cm. Vous ne pourrez pas vous tromper avec une loge de pic noir qui est bien plus grande et de forme ovale. En général, les pics épeiches ont leurs loges situées sur des arbres sains. Au contraire, les pics épeichettes et les pics mar ont une préférence pour les arbres morts, plus tendre pour la construction.

En résumé, quelques éléments sur les loges de pic épeiche à avoir en tête durant votre recherche  :

  • NAssez ronde ;
  • NEnviron 5 cm de diamètre ;
  • NSituée sur des arbres de moyenne ou grande taille ;
  • NTrès souvent construite sur des arbres sains ;
  • NSouvent située entre 3 et 6 m de haut ;
  • NConstruite sur tout type d’essence (chêne, hêtre, boulot, peuplier, résineux…).
Je vous conseille de réaliser la prospection en hiver lorsque la végétation n’est pas développée, le travail sera beaucoup plus simple ! Pour ma part, je consacre souvent mes mois de février et de mars à la recherche des loges de pic épeiche et de pic noir. Si possible, privilégiez vos sorties lorsque le temps est gris ! Croyez-moi ce détail a une réelle importance, il vous permettra de ne pas passer à côté d’une loge que vous raterez à cause du contre-jour…
Une loge de pic noir

Loge de pic épeiche

Si vous prospectez les zones propices (milieu forestier suffisamment mature), vous ne tarderez pas à trouver des loges. Voilà une première étape. Mais le réel défi avec les loges de pic épeiche est de trouver LA loge. C’est-à-dire une loge qui vous permettra de bénéficier de bonnes conditions photographiques. La loge parfaite répond aux conditions suivantes :

Pas trop haute du sol.

L’objectif est de pouvoir être quasiment au même niveau que le sujet lors de vos futurs affûts. Une loge trop haute donnera un effet de contre-plongée à vos clichés, ce qui n’est pas très esthétique. Mettez à profit la topographie du site : un talus peut vous permettre d’être au même niveau que la loge.

Une loge dégagée.

De manière à ce qu’il n’y ai pas d’obstacle (branche, feuillage) entre la zone d’affût et la loge. Pour obtenir un joli bokeh (flou d’arrière-plan) sur vos photos, il est crucial d’avoir un espace assez important entre la loge et les éléments en arrière-plan.

Une loge éclairée.

Le pic épeiche étant une espèce forestière, leurs loges sont pour la quasi totalité situées en sous-bois où la lumière est souvent faible. Trouvez donc une loge qui sera exposée à la lumière à un moment de la journée. Cela vous permettra de soigner vos réglages et d’obtenir de plus jolis clichés.

Attention, le pic épeiche n’utilise pas forcément la même loge d’une année à l’autre… Pour ma part j’essaie de trouver une dizaine de loges pour être sûr qu’au moins l’une d’entre elles sera bien utilisée par un couple. Pour retrouver facilement les loges au printemps, j’utilise l’application « My maps » qui me permet de créer des points géolocalisés.

Si vous n’avez pas eu le temps de faire ce travail de prospection l’hiver, vous avez toujours la session de rattrapage du printemps. En effet, les jeunes pics épeiche sont particulièrement bruyants et ils ne cessent de piailler pour réclamer de la nourriture aux parents. Si vous entendez une succession de cris aigus, une loge occupée se trouve à proximité ! Il ne vous reste plus qu’à la trouver, à penser votre affût et à le photographier si les conditions sont réunies.

Cri caractéristique des jeunes pics épeiche

De la couvaison à l’envol

Depuis 2018, j’essaie de suivre chaque année une famille de pic épeiche et je ne m’en lasse pas. Tout simplement car il n’y a pas besoin de faire 20 km pour les photographier. De plus, cela ne me prend pas beaucoup de temps pour réaliser quelques clichés (contrairement au pic noir et ses allers et venues toutes les heures ou toutes les deux heures) et que c’est toujours fascinants de s’immiscer dans le quotidien d’une jeune famille de pic épeiche.

Étape 1 : La couvaison.

Une fois le site du futur nid choisi et l’accouplement réalisé, les deux partenaires se partagent la tâche de la couvaison des œufs. Celle-ci a lieu entre avril et début juin suivant le climat et les régions et dure 10 à 15 jours. Pendant cette période, l’activité est faible (4 à 6 relais par jour) : ce n’est pas encore le moment de se mettre en affût.

Étape 2 : L’alimentation des jeunes.

Une fois les œufs éclos, la période d’alimentation des jeunes débute pour environ 3 semaines. Il s’agit certainement la période la plus intense : la fréquence des allers-retours ne cesse de croître. Les parents se présentent alors au nid toutes les cinq minutes. Les jeunes sont nourris par des becquées d’insectes. C’est le moment idéal pour faire vos photos.

Une loge de pic noir

Nourrissage des jeunes

Les jeunes grandissent à une vitesse déconcertante (voir chronologie ci-dessous). Il peut y avoir 3 à 6 jeunes par loge. Les premières têtes peuvent être aperçues au bout d’environ 10 jours après l’éclosion des œufs. Après 15 jours, les jeunes dépassent leurs têtes à tour de rôle dans l’attente de leurs parents. Ils sont alors facilement observables.

Les nouveaux nés sont affamés et se montrent même agressifs envers leurs parents.

Une loge de pic noir

Un jeune aggressif !

Un jeune patient (ou presque)

Une loge de pic noir

18/05/2018

Une loge de pic noir

19/05/2018

Une loge de pic noir

21/05/2018

Une loge de pic noir

22/05/2018

Une loge de pic noir

23/05/2018

Étape 3 : L’envol des jeunes

C’est un moment que j’avais raté en 2018 et 2019 mais que je n’ai pas loupé en 2020. Il s’agit d’un moment exceptionnel et vraiment émouvant. Je je souhaite à chacun de d’assister à cette étape au moins une fois. C’est avec beaucoup de maladresse que les jeunes, souvent hésitants, sortent de la loge. Les parents attirent les jeunes à l’extérieur en les appâtant avec de la nourriture. Une fois les jeunes envolés, l’un des deux adultes accède une dernière fois à la loge pour vérifier que celle-ci soit vide.

Une loge de pic noir

Le petit dernier en cours du 1er envol

Une loge de pic noir

L’adulte vérifie l’absence de jeune a la loge

Étape 4 : L’élevage

Une fois tout ce petit monde dehors, les parents accompagnent les jeunes pour leurs premiers pas et ce pendant une à deux semaines. Il est alors possible de quitter l’affût pour les suivre une dernière fois en billebaude. C’est la dernière étape avant de leur dire « au revoir » et de leur souhaiter bon vent…

Les précautions à prendre

Comme pour la grande majorité des espèces animales sauvages, le nourrissage et l’éducation des jeunes est une période particulièrement délicate. Si vous ne prenez pas les précautions nécessaires vous risquez de nuire à la famille. Les jeunes sont plutôt curieux et il m’est arrivé de sortir de mon affût alors qu’ils continuent à me regarder. Mais il vous faudra être beaucoup plus prudent avec les adultes qui ne manqueront pas de pousser des cris d’alerte et de stopper les allers et venues à la loge si vous n’êtes pas suffisamment discret. Pour cela, votre arrivée sur le site est très importante, l’accès devra vous permettre d’être le plus silencieux possible et votre matériel déjà prêt pour minimiser le temps d’installation.

Cri d’alerte des adultes de pic épeiche

Avec quel matériel photographier le pic épeiche ?

Un affût digne de ce nom.

Personnellement j’utilise un filet de camouflage ou une toile d’affût. Une tente d’affût peut également faire l’affaire. Dans l’idéal, laissez votre filet de camouflage sur place, les pics s’y habitueront très facilement. Si votre camouflage n’est pas bon, les adultes de pic épeiche vous le feront savoir.

Un trépied.

Il vous permettra de gagner en stabilité et ainsi d’éviter des flous de bougé si les conditions sont peu lumineuses, ce qui est souvent le cas en milieu forestier. Le trépied vous permettra également de vous tenir prêt lors d’une activité à la loge (arrivée des parents, activité des jeunes) sans devoir faire de grand mouvement.

Une focale assez importante.

Si vous souhaitez réaliser des gros plans, il est nécessaire de vous équiper d’une longue focale (minimum 400 mm) de manière à éviter une proximité trop importante avec la loge pouvant engendrer un dérangement.

Un déclencheur à distance sans fil.

C’est un équipement que j’apprécie vraiment pour photographier les pics à la loge. Il vous permet de limiter le dérangement et de gagner en proximité. Le principe est simple, vous camouflez votre appareil posé sur trépied et vous pouvez déclencher à distance en ayant une vue sur la loge et le comportement des pics. Respectueux, pratique et efficace.

Vous avez maintenant tous les éléments pour photographier les pics épeiches et suivre les jeunes de leur naissance à leur premier vol !

Si vous souhaitez en savoir un peu plus sur le pic épeiche, n’hésitez pas à cliquer ici : vous apprendrez des choses fascinantes et insoupçonnées sur le pic épeiche.

Bastien

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