• Bastien
  • 05/01/2024
  • Les techniques

L’éthique et le respect de la Nature prennent une place majeure dans notre travail de photographe de Nature. D’ailleurs, nous nous sentons plus naturalistes que photographes. À travers nos images, nos articles et nos expositions, nous prônons la photographie d’espèces locales afin de limiter du mieux possible l’impact écologique de notre passion. Les expositions et les tirages que nous proposons à la vente sont le reflet de notre travail. Ainsi, il était logique et cohérent d’exposer nos images sur un support le plus écologique possible.

Comme bon nombre de photographes, nous avons conçu nos premières expositions avec des tirages sur aluminium dibond. Ce support, a l’avantage d’être assez peu onéreux. Mais à quel prix pour l’Environnement ? Le dibond est principalement fabriqué à partir d’aluminium et de plastique. La matière première du tirage aluminium dibond est donc  d’origine fossile extraite de nos sols naturels. Sans avoir évoqué le transport, nul besoin de vous dire que la fabrication de ces supports est catastrophique environnementalement parlant.

 Le saviez-vous ?

Pour fabriquer 1 000 kg d’aluminium, il faut 10 000kg de bauxite qui produisent 500 kg d’alumine, 80 kg de cryolite, 600 kg de charbon auxquels viennent s’ajouter 14 000 kWh d’énergie électrique.

Source : Association Picture For Nature

Après avoir pris connaissance de la composition de ces supports, il nous était inconcevable de ne pas repenser nos expositions. Une opportunité nous a permis de franchir ce cap : le festival Picture For Nature. Ce festival organisé dans l’Allier réunit depuis 2022 des photographes exposant sur un support commun, le papier Washi.

Logo Picture For Nature

Qu’est ce que le papier Washi ?

Le terme Washi est composé de « wa» signifiant japonais, et de «shi» signifiant papier en japonais. Le papier Washi est un papier traditionnel japonais inscrit au patrimoine immatériel de l’humanité de l’UNESCO. Connu et reconnu dans son pays d’origine il l’est beaucoup moins en France. Stéphanie et Benoît, créateurs et gérants de l’Atelier papetier situé dans l’Hérault ont, importé ce savoir-faire. C’est ainsi que, pendant près d’un an, le couple d’artisans a été formé au Japon à la création de ce papier sous la tutelle d’un maître japonais.

Papier Washi

Feuilles de papier Washi

Comment le papier Washi est-il fabriqué ?

La matière première et principale du papier Washi est le kozo ou murier à papier. Cet arbre est originaire du Japon mais se retrouve aujourd’hui en nombre dans le sud de la France. Importé, le murier à papier y retrouve des conditions climatiques semblables à son aire d’origine.

Le kozo ou murier à papier

Le kozo ou murier à papier

Le papier Washi est le fruit d’un long processus de fabrication respectant une méthode traditionnelle japonaise. Les grandes étapes de fabrication du papier Washi sont les suivantes.

Étape 1 – La taille et la récolte du murier :

L’un des avantages de la culture du murier à papier c’est le taux de croissance important de la plante. C’est en Hiver, lorsque la sève est descendue que les papetiers taillent les arbres pour récolter les branches. Des arbres sont à disposition de Benoît et Stéphanie dans un périmètre proche de leur atelier, à moins de 50 km.

Taille du murier à papier

La taille du murier à papier par Benoît – Source : Jean Emmanuel Roché

Étape 2 – L’écorçage :

Cette seconde étape permet de récolter la matière première du papier Washi : les fibres contenues dans l’écorce du murier. Très longues, ces fibres ont la particularité d’être résistantes mais à la fois douces. L’écorçage est une étape fastidieuse réalisée manuellement à l’aide d’un couteau. Chaque fibre est ensuite triée selon la couleur (blanche ou verte). Seule les fibres blanches seront conservées pour les tirages photos.

Récolte fibre du murier

Grattage au couteau des écorces – Source : L’Atelier papetier

Etape 3 – La cuisson :

Les fibres seront ensuite cuites pour qu’elles puissent être travaillées.

Cuisson des fibres

Cuisson des fibres – Source : L’Atelier papetier

Étape 4 – Le retrait des impuretés :

Chaque fibre est ensuite passée au peigne fin, les impuretés contenues sont retirées à la main. Ce travail se fait dans l’eau froide de la rivière qui coule au pied de l’atelier.

Nettoyage des fibres

Retrait des impuretés – Source : L’Atelier papetier

Du grattage des écorces jusqu’au retrait des impuretés, le temps de travail à deux personnes est estimé à deux semaines ! Ce travail fastidieux permettra la production de 30 feuilles allouées aux tirages de photos.

Étape 5 – Le battage :

Cette étape consiste à battre à la main la matière première pour en former une pâte à papier. Le battage dure une demi-journée et demande des bras !

Battage des fibres

Battage des fibres – Source : L’Atelier papetier

Étape 6 – Le tamisage :

Il s’agit très certainement de l’étape la plus technique et aboutissant à la formation de la feuille. Grâce à une technique japonaise et au savoir-faire des papetiers, les fibres sont orientées et déposées par le mouvement de l’eau.

Tamisage

Tamisage selon la tradition japonaise

Étape 7 – Le séchage :

Le séchage des feuilles est la dernière étape de fabrication et il détermine le ton final du papier (plus ou moins blanc/crémeux).

Séchage Washi

Séchage des feuilles de Washi

Quels sont les avantages du papier Washi ?

Les avantages du papier Washi sont nombreux, que ce soit pour le photographe ou l’Environnement.

Un support écologique

Il s’agit là de l’argument n°1 du papier Washi produit par Benoît et Stéphanie. La matière première est locale et extraite de façon manuelle. L’eau utilisée est issue d’une source naturelle disponible et située sur le site de l’atelier. Aucun procédé chimique n’intervient dans la confection du papier.

Un papier 100 % artisanal

De la récolte jusqu’à la découpe de la feuille, tout est réalisé manuellement. Aucune machine électrique n’intervient dans le processus de conception. Seuls des outils et du savoir-faire permettent la production de ce support 100 % artisanal.

Papier Washi

Tirage sur Washi

Une connaissance du produit

Avant de remettre en question le support sur lequel nous exposions autrefois, nous ne connaissions absolument pas ses composants et son mode de fabrication. Et pourtant, il paraît indispensable de connaître sur le bout des doigts l’un de ses principaux outils de travail !

Choisir le papier Washi c’est choisir un tirage original dont l’identité réside dans sa composition et sa méthode de fabrication. Aujourd’hui nous pouvons sans aucun mal expliquer l’histoire, l’origine, la composition et les étapes de conception d’un produit que nous vendons.

Il nous reste encore un peu de travail, notamment sur l’encre, mais nous sommes fiers du chemin parcouru et il est difficile aujourd’hui de produire des tirages plus écologiques.

Explication papier Washi

Dialogue autour du papier Washi lors du festival Picture For Nature

Un support résistant et maniable

Il nous est arrivé d’abîmer de nombreux tirages dibond lors d’un transport ou d’une installation/désinstallation d’exposition. Le moindre choc, la moindre griffure rend alors le tirage inutilisable. Pour éviter ces déconvenues, il est alors nécessaire d’utiliser des protections parfois encombrantes et de manier les tirages avec une extrême précaution. Concernant le papier Washi c’est une toute autre histoire. Les feuilles sont enroulées dans des tubes ou peuvent être stockées et transportées facilement dans des pochettes à dessin. Dans le cas où un tirage est froissé, un repassage (oui vous avez bien lu) permet de lisser facilement le papier.

Conditionnement papier Washi

Pochette de dessin idéal pour les tirages Washi

Anecdote

Lors de l’édition 2022 de Picture For Nature, nous nous souviendrons toujours du tirage Washi d’un exposant tombé dans une flaque d’eau suite à une tempête. Persuadés que le tirage était foutu, les papetiers nous ont démontré toute la résistance de papier Washi. Après un temps de séchage puis de repassage l’oeuvre était de nouveau installée.

Un support durable

La durée de vie du papier Washi est estimé à 400 ans. Ce support ne craint pas la lumière.

Un support aux multiples usages

Le papier Washi peut être utilisé et mis en valeur de nombreuses façons : kakémono, cloisons et portes japonaises, rideaux, stores, luminaires, etc. Ces derniers exemples permettent notamment de mettre en avant le papier par rétro-éclairage faisant apparaître les fibres végétales.

Utilisation papier Washi

Cloison japonaise – Source : L’Atelier papetier

Des tirages authentiques

Authentique, il s’agit très certainement du terme qui convient le mieux au papier Washi. Chaque tirage est unique suivant l’emplacement des fibres végétales, la période et l’intensité de séchage définissant le ton du papier, etc.

Remerciements

Il nous est impossible de ne pas remercier l’initiateur de notre découverte du papier Washi : Samuel Faure. Samuel et Fanny sont les organisateurs et les fondateurs du festival Picture For Nature. Ce festival éco-responsable est devenu en peu de temps une référence des festivals dédiés à la photographie de Nature. Photographes, n’hésitez pas à candidater pour y exposer, nous sommes certains que vous ne le regretterez pas. 

Merci bien évidemment aux maîtres papetiers et maintenant amis, Stéphanie et Benoît, pour leur savoir-faire, leur passion et leur engagement.

Partenariat Washi

Nos images sur papier Washi

Toutes nos images sont proposées à la vente. Les images des catégories «Clair-Obscur», «Silhouettes» ou «Epuré» de notre portfolio conviennent parfaitement à l’impression sur papier Washi.

Nous proposons des tirages authentiques en nombre limité et plusieurs dimensions sont proposées : du 20×30 cm au 60×90 cm. Nous fabriquons nous-même les supports bois pour un effet «kakémono», que nous vendons également.

Pour plus d’informations sur les dimensions et les prix vous pouvez vous renseigner ici.

Pour tout renseignement ou commande n’hésitez pas à nous contacter par ici.

Tirage Washi

Tirage Washi 90x60cm

Tirage Washi

Zoom tirage Washi

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