- Bastien
- 04/07/2020
- Focus espèce
Souvent dans l’ombre du cerf, le chevreuil n’en reste pas moins élégant ! Il s’agit d’une espèce très abordable et intéressante mais à mon sens délaissée les photographes en général… Pourtant le surnommé « prince des bois » présente un réel intérêt photographique : il est beau, élégant et en plus de cela il est relativement simple à photographier (contrairement au cerf…).
Le chevreuil sous toutes ses formes !
Suivant les saisons, le chevreuil adopte une « robe » différente. En été, le pelage est roux et relativement ras. En hiver, le chevreuil aborde un pelage plus terne (grisâtre) et le poil est bien plus épais.
Pelage d’été
Pelage d’hiver
Pour passer d’un pelage à l’autre, on dit alors que le chevreuil « mue ».
Le chevreuil a également la caractéristique d’avoir le postérieur blanc, appelé « miroir ». Il est surtout visible l’hiver. D’ailleurs, cela trahit fréquemment sa présence. Mais la nature est bien faite, ce miroir à défaut d’être peu discret, a une fonction d’alerte ! Il permet au chevreuil d’avertir ses congénères en cas de danger en hérissant ces poils blancs ! Étonnant non ?
Un dimorphisme sexuel sur le miroir existe, chez le mâle il est en forme de haricot, alors que pour la femelle, il est en forme de cœur.
Miroir en haricot d’un chevreuil
Comme pour le cerf, le mâle perd ses bois tous les ans. La perte des bois, n’a pas lieu en février-mars mais en octobre-novembre. Lors de la repousse, ses défenses sont enveloppées d’un « velours » protégeant les bois, qu’il perd au printemps, on appelle cela la « fraye ».
Le saviez-vous ?
Savez-vous pourquoi les faons (jeunes de chevreuils ou de cerf) ont des points blancs sur leur pelage ? La réponse est assez étonnante ! Ces points blancs imitent les reflets du soleil passant à travers les branches ! Mais la ruse pour tromper les prédateurs va encore plus loin ! Le faon ne dégage pas d’odeur corporelle lors de son plus jeune âge… La Nature est parfaitement bien faite.
Où trouver des chevreuils ?
Il est possible de trouver du chevreuil dans tous les types d’habitat naturel ou semi-naturel de chez nous : grandes plaines agricoles, milieux forestiers, prairies et bocage. Etant une espèce très commune, si vous habitez dans une zone rurale ou semi-rurale, des chevreuils sont très certainement présents dans un périmètre relativement proche de votre domicile.
En milieu forestier, le chevreuil préfère les jeunes boisements aux plus anciens. Pour la bonne raison qu’un jeune boisement est plus lumineux et donc plus riche en jeunes pousses, mets très appréciés par le chevreuil.
Mais il y a un type d’habitat que je peux vous conseiller pour trouver du chevreuil. Il s’agit de la combinaison entre boisements et prairies ! Pour ma part, j’apprécie particulièrement les prairies en lisière de forêt !
Quand photographier le chevreuil ?
Il est possible de photographier le chevreuil toute l’année mais si j’avais une période à vous recommander c’est bien le printemps ! Lors des mois d’avril et de mai, la chasse étant terminée, les chevreuils vadrouillent sereinement et profitent de l’herbe printanière bien grasse.
Il y a d’ailleurs des photos très sympas à réaliser à cette période avec les fleurs de prairies : boutons d’or et pissenlits notamment.
Au printemps, la consommation en grande quantité de bourgeons et de jeunes pousses peut rendre ivre le chevreuil le rendant encore moins craintif ! Des comportements assez marrants sont observables.
Comme pour la grande majorité des espèces animales, le tout début et la fin de journée sont les meilleures périodes pour photographier le chevreuil. À ces moments, il a tendance à se découvrir beaucoup plus facilement !
Comment photographier le chevreuil ?
L’approche du chevreuil peut se faire à partir des deux grandes techniques : le billebaude et l’affût. Ces deux techniques conviennent parfaitement à la photographie du chevreuil !
Photographier le chevreuil en billebaude
Le billebaude (qui consiste à aller vers l’animal) est particulièrement adapté hors période de chasse car l’espèce est alors beaucoup moins craintive ! Il vous sera possible de l’approcher suffisamment prêt pour faire de superbes photos mais à condition de prendre certaines précautions, voici quelques conseils :
Conseil n°1
Cassez la forme « humaine »
Approchez en rampant ou accroupi pour « casser » la forme humaine. Ce n’est pas forcément toujours agréable mais il s’agit de la meilleure technique pour les approcher. En rampant il m’est déjà arrivé de les approcher à quelques mètres et pouvoir ainsi bénéficier d’une proximité telle que je devais dézoomer pour ne pas avoir un gros plan de son museau.
Conseil n°2
Prenez en considération le vent
Lors de votre approche prenez en considération le vent ! Progressez face à lui car le chevreuil est doté d’un excellent odorat !
Conseil n°3
Camouflez-vous
Utilisez des vêtements permettant de vous camoufler. Personnellement j’utilise un ghillie qui fait bien l’affaire ! Si vous pouvez, équipez-vous également de cagoule et de gants type camouflage de manière à cacher votre visage et vos mains ! À défaut de cagoule une casquette peut être utile. Le chevreuil a une vue assez médiocre, mais il est sensible aux mouvements, qui pourront vous trahir.
Conseil n°4
Servez-vous des éléments du paysage
Profitez de certains éléments du paysage pour masquer votre approche : ballot de paille, haie, arbre, etc.
Conseil n°5
Restez silencieux
Le chevreuil a une excellente ouïe et peut ainsi détecter des sons à grande distance. Difficile d’espérer l’approcher convenablement sur une zone jonchée de branches mortes ou de feuilles craquantes. Attention, si le chevreuil « aboie », votre approche est sans aucun doute fichue… Il avertit ainsi les autres chevreuils et ne tardera pas à fuir si ce n’est déjà fait.
Aboiement du chevreuil
Conseil n°6
Prenez garde à sa malice
Profitez que le chevreuil soit occupé à manger, à somnoler ou à avoir le « dos » tourné pour progresser vers lui. S’il lève la tête et dresse ses oreilles, immobilisation immédiate ! Il a très certainement entendu un bruit suspect… Dans ce cas, armez-vous de patience et attendez plusieurs minutes avant de continuer votre approche.
Ne vous faites pas berner par le chevreuil qui utilise une technique très malicieuse et peu connue ! S’il doute d’une présence indésirable, il se dressera puis il ferra parfois semblant de se remettre à brouter pour essayer d’identifier un éventuel danger ! Malin, très malin…
Photographier le chevreuil en affût
L’affût, quant à lui, je le réserve plus pour l’hiver et l’automne. En période de chasse, les chevreuils sont bien plus craintifs et se découvrent beaucoup moins que le reste de l’année ! L’affût permettra de vous faire le plus discret possible et de l’attendre à un endroit fréquenté. Avec cette méthode c’est l’animal qui vient à vous !
En préambule, vous devez repérer les lieux de fréquentation des chevreuils. Les coulées et les empreintes sont les meilleurs indices de présence ! Mais il vous est possible d’identifier ses sites de prédilection en repérant directement le chevreuil. Rien de tel qu’une petite balade de repérage équipé de jumelles.
Astuce !
Utilisez la vue aérienne de l’outil en ligne « Géoportail » pour identifier les zones potentielles !
Certaines zones sont particulièrement appréciées par le chevreuil. En milieu forestier privilégiez par exemple, les clairières et les layons. Les chevreuils ayant une vue assez médiocre, il n’est pas forcément nécessaire d’avoir un affût dernier cri. Un filet ou une toile de camouflage font très bien l’affaire .
En ce qui concerne les réglages
Pour photographier le chevreuil, je vous conseille de régler votre appareil photo au mode « priorité à l’ouverture ». Nul besoin d’avoir une vitesse très élevée, si votre approche est bonne le chevreuil ne bougera que très peu, une vitesse de 1/200 s est, à mon sens, suffisante. Surtout si vous utilisez un trépied en affût !
Ouvrez le diaphragme le plus possible de manière à bénéficier d’un joli bokeh, la mise au point sera alors extrêmement importante ! Optez pour une mise au point au niveau des yeux du chevreuil ! Si vous êtes en mode automatique, prenez qu’un seul collimateur.
Approchez le chevreuil dans des zones ouvertes comme les prairies et vous bénéficierez d’une bonne luminosité, contrairement en sous-bois.
Si ces chiffres et ces noms barbares ne vous parlent pas beaucoup, nous avons rédigé un article sur les bases de la photographie, disponible ici.
En conclusion
Je vous conseille d’approcher le chevreuil en billebaude lors des beaux jours. Pour la période automnale et hivernale, l’affût est peut être la meilleure technique d’approche. Attention il s’agit là que de conseils, un bon affût idéalement placé l’été pourra vous permettre de réaliser de superbes photos de chevreuil.
Je vous conseille vivement de chercher à photographier le chevreuil dans un milieu prairial au printemps. Le chevreuil est bien moins craintif et vous bénéficierez d’un joli décor fleuri sous une douce lueur printanière. Le top !
S’il y a bien un sujet qui vous permettra de progresser en photographie animalière et en particulier votre approche, c’est très certainement le chevreuil. Bon amusement mais toujours en discrétion !
Voici un article passionnant et fort bien documenté.Je compte tester les réglages préconisés oublier la priorité vitesse au profit de l’ouverture .Malgré de multiples précautions , je suis trés vite repéré et bien évidemment la séance est vite terminée. Je pense que leur odorat me cause bien des soucis.
Un grand merci Jacques pour votre commentaire ! En effet, les sens du chevreuil sont bien développés et il n’est pas facile de passer inaperçu. D’ici quelques jours, vers la mi-avril, la consommation de bourgeon enivrera les chevreuils, ils seront moins vigilants et plus simple à photographier. Si vous faite plutôt du billebaude, n’hésitez pas à tenter des sessions d’affût sur les pâtures qu’il a l’habitude de fréquenter, c’est le meilleur moyen d’avoir une belle proximité !